Le mercredi 06 décembre, Auchan Sénégal a procédé à l’inauguration de son 43ème magasin au Sénégal. En effet, après avoir couvert les régions de Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel et Saint-Louis, Ziguinchor a accueilli son tout premier supermarché Auchan. Situé dans la zone sud du Sénégal, ce nouveau magasin, selon Auchan Sénégal, incarne son engagement à mieux répondre aux besoins de nos clients : plus de proximité, des produits et des services de qualité, tout en demeurant fidèles à sa démarche de pratiquer des prix justes. Bâti sur une surface de vente de 830 mètres carrés, Auchan Ziguinchor est représente, selon l’équipe communication de l’entreprise, une réelle opportunité pour impacter économiquement la région, créant ainsi des emplois et favorisant le développement de partenariats commerciaux.
Quelques images du magasin de Ziguinchor (images fournies par la team communication Auchan SN)
Auchan à Ziguinchor, un choix osé et symbole de la résilience de l’entreprise ?
Impactée depuis des décennies par un conflit militaire qui entrave les opportunités de développement de l’une des régions la plus riche en termes de ressources alimentaires et de diversité au Sénégal, Ziguinchor doit incarner tous les espoirs de développent du pays. Tout comme la région avec ses capacités de résilience très fortes incarnées par ses hommes et ses femmes, l’enseigne avait aussi fait face à des actes de destruction qui ont pousser la presse en ligne à poser le débat sur son départ du Sénégal comme en illustre ce titre publié dans une organe de la place « L’enseigne française Auchan va t-elle quitter le Sénégal ?. J’y croyais pas pour deux raisons fondamentales :
Ce ppendant, l’implantation d’Auchan à Ziguinchor pose un ensemble de défis d’accessibilités pour les chercheurs et la population : quelle politique logistique pour acheminer les produits MDD de l’entreprise dans la région ? Et quel impact sur le prix ? Et quelle place pour les producteurs locaux ?
Auchan à Ziguinchor : quelles opportunités et quels effets d’entrainement ?
Je suis conscients que c’est une question prématurée car il faudra attendre des années pour pouvoir tirer des conclusions. Toutefois, le commerc et la consommation au Sénégal constituent des leviers de développement de nos territoires et des bassins de production agricole. Alors qu’en quelques décennies seulement, les centres urbains sont devenus de grandes villes (poids démographique, économique, politique et dimension cosmopolite), la petite échelle traditionnelle et les systèmes de ventes en gros et en détail mal coordonnés sont devenus insatisfaisants pour répondre aux besoins des consommateurs. Par conséquent, ces derniers sont contraints d’acquérir des produits souvent de qualité médiocre dans le secteur informel et doivent passer un temps considérable à l’achat des provisions alimentaires pour la famille. Face à cette situation, avoir une diversité de système de distribution alimentaire, garantissant toutes les conditions de sécurité d’hygiène à un prix accessible à tous, est devenue une nécessité pour les acteurs politiques et une aubaine économique pour les enseignes alimentaires, leurs collaborateurs, et même des acteurs du petit commerce. Pour les consommateurs, cette « démocratisation du commerce » est une aubaine car ils y trouvent une liberté de choix. Avec l’essor du commerce en ligne, du drive, de la livraison à domicile, ce sont des milliers de jeunes et de femmes qui peuvent accèder à un emploi plus qualifié, dans un pays où 70 % de l’emploi est informel.
Les métiers de la grande distribution n’ont jamais été une priorité des pouvoirs publics dans leurs programmes d’enseignement et de formation. C’est ainsi que les enseignes rencontrent des obstacles majeurs en matière de ressources humaines : problèmes de formation adéquate au marché de la grande distribution (métiers de la boucherie, gestion des produits frais, etc.). S’ajoute aussi l’absence de formation des partenaires économiques comme les producteurs qui ont toujours des difficultés de livraison mais aussi de stockage et de conservation de leurs récoltes. Dans ces domaines, des investissements additionnels sont toujours nécessaires pour permettre à l’entreprise de faire face à la demande de ses clients. C’est dans ce contexte que le groupe Auchan a développé à Dakar et à Saint-Louis, en partenariat avec des écoles sénégalaises, des formations dans les domaines du management et de la boucherie, par exemple, pour permettre aux jeunes de découvrir les métiers de la grande distribution, mais aussi d’avoir une qualification professionnelle en dehors des expériences accumulées dans l’informel. Ces mêmes opportunités aideront les jeunes de la région à se former et à avoir une insertion solide.
Auchan à Ziguinchor va aussi remodeler la structure de la distribution et moderniser l’architecture de l’appareil commercial urbain. Exemple, c’est l’implantation d’Auchan à partir du milieu des années 2010 qui a lancé le développement du secteur des grandes surfaces dans l’agglomération dakaroise et dans d’autres villes, comme Mbour. Cette dynamique est aussi à l’origine du développement des enseignes nationales comme les Low Price du groupe sénégalais EDK ou le groupe Senchan, implanté seulement dans la ville religieuse de Touba.
Conclusion
En dépit de ces apports indéniables à la vie économique et sociale urbaine, la situation n’est bien sûr pas parfaite chez Auchan Sénégal, tout comme dans l’ensemble des entreprises publiques et privées par ailleurs. En particulier, la mise en place de projets structurels pour un développement inclusif des bassins des bassins de production agricoles (soutien à nos producteurs et PME locaux à travers des filières pour plus de traçabilité et d’inclusion économique et sociale). Ce sont des sujets légitimes de préoccupation qui peuvent aider l’enseigne à consolider sa démarche de territorialisation qui se fera avec les acteurs des territoires. Pour finir sur le débat des opposition entre les types de commerce, je suis persuadé que cette diversité des réseaux de distribution est un atout pour les consommateurs (liberté de choix dans les actes d’achats et l’accessibilité économique et physique). Toutefois, cet élan de modernité ne doit pas échapper aux collectivités territoriales. La grande distribution doit être une partie intégrante de leur politique d’aménagement et d’urbanisme. En effet, les collectivités territoriales sont, de plus en plus, solliciter dans la construction de systèmes d’approvisionnement et de distribution alimentaires (SADA) pour faire face aux défis des transitions (alimentaire, sociale, environnementale) à l’échelle de leurs territoires.
Article de sensibilisation réalisé par Malick MBOUP, fondateur de la plateforme Sen Retail et doctorant en géographie à Sorbonne Université et affilié au laboratoire de recherche Médiations. Spécialités : Grande distribution – Consommation – RSE et DD