Titre – La souveraineté alimentaire, un enjeu de sécurité alimentaire ?

Selon le dictionnaire Agroécologie, la souveraineté alimentaire est un droit des populations à décider de leurs propres stratégies et politiques pour garantir leur sécurité alimentaire tout en considérant les effets sur les autres. Elle garantit, par le biais de choix d’alimentation mais aussi de politiques agricoles ou commerciales, l’accès à une alimentation saine et durable. Il s’agit d’un concept global où social, économie, politique et environnement sont étroitement mêlés, et qui suppose une capacité d’accès aux ressources (foncier, eau, semences…) nécessaires pour répondre aux besoins des populations (Dutra, E. et al., 2020). .
Dans son article intitulé “La souveraineté alimentaire ou le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes”, Said Alahyane, (maître de conférences en science politique, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc), pense que la souveraineté alimentaire inclut les éléments suivants :

  • Le droit des populations, des communautés et des pays à concevoir et élaborer, en toute autonomie, leurs politiques publiques agroalimentaires conformément aux normes écologiques, sociales, économiques et culturelles ;
  • Le droit à une alimentation saine, nutritive et adéquate ;
  • Le droit aux ressources et aux moyens (techniques, institutionnels et financiers) nécessaires pour la production alimentaire.

Au-delà de la dimension politique, la souveraineté alimentaire doit être construite à partir des expériences locales ?

Cette démarche repose sur la reconnaissance des acteurs et de leurs pratiques à travers la mise en place de politiques visant à donner de la valeurs ajoutée aux produits de nos territoires (création de labels, par exemple). En plus, s’ajoute aussi la nécessité de garantir la liberté d’innovation pour inciter les producteurs à développer les solutions les mieux adaptées pour garantir la sécurité alimentaire.

Souveraineté et sécurité alimentaires, l’une jamais sans l’autre ?

Peut -on parler de la souveraineté sans évoque la question de la sécurité alimentaire ? En 1974, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) définit pour la première fois le concept de sécurité alimentaire. La disponibilité de l’alimentation est au cœur de cette définition et va ainsi justifier une libéralisation des échanges agricoles et alimentaires. Les externalités négatives écologiques et socio-économiques qui en résultent ne sont pas prises en compte. Après plusieurs évolutions et ajouts, la FAO précise en 2001 que « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ». Elle compte 6 dimensions : la disponibilité, l’accès, l’utilisation (absorption nutritionnelle) et la stabilité (constance des trois autres dimensions). Ainsi, se poser la question de la souveraineté alimentaire, c’est aussi chercher à garantir la sécurité alimentaire à partir du local (ressources naturelles, savoir-faire, etc.).

Quelles places pour les producteurs et acteurs économiques locaux ?

La nécessité de garantir la souveraineté alimentaire doit mobiliser tous les acteurs évoluant dans ces secteurs : production, transformation, commercialisation, recherche agricole et en sciences sociales (évolution des pratiques de consommation). Parmi ces acteurs, les jeunes constituent un maillon essentiel. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont aujourd’hui au cœur des outils de travail des jeunes entrepreneurs, particulièrement aux agri-preneurs. Elles sont une source de transformation majeure du secteur agricole et des systèmes alimentaires, tout en ayant les capacités de se greffer aux agendas préexistants en matière de développement, aux objectifs de compétitivité des filières agricoles africaines (Webber et al., 2009)

En plus des jeunes, la mise en place d’un système de stockage (cf. photo ci-dessous) et des mesures incitatives qui facilitent le développement de la grande distribution (cf. photo ci-dessous) et la modernisation des marchés, permettrait de garantir l’accessibilité (physique et économique) à des produits alimentaires de nos terroirs.

Quelques références bibliographiques consultées :

  • Alahyane, S. (2017) . La souveraineté alimentaire ou le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. Politique étrangère, Automne(3), 167-177. https://doi.org/10.3917/pe.173.0167.
  • Webber, M.C., Labaste P. (2009). Building competitiveness in Africa’s agriculture : a guide to value chain concepts and applications (English). Agriculture and rural development. Washington, DC : © World Bank.

Auteur : Malick MBOUP, fondateur de Sen Retail et doctorant membre du laboratoire Médiations de Sorbonne Université.

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Bonne lecture !


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