Master 2
Qualités relationnelles, un intérêt pour le monde agricole et des compétences en enquête qualitative.
Stage
Toulouse, France
Contexte
Le métier de berger, historiquement réalisé sous des formes de travail saisonnier, familial ou informel, est
depuis plusieurs décennies engagé dans un processus de salarisation mêlant plusieurs types d’acteurs : les employeurs (éleveurs ou groupements pastoraux) qui recrutent les bergers, les organisations syndicales et associatives qui défendent leurs intérêts ainsi que les politiques publiques, notamment les politiques publiques de conservation de la nature qui financent partiellement le salariat pastoral. Cette dynamique de salarisation et de professionnalisation des bergers s’accompagne de tensions multiples autour de la définition légitime du métier, de ses savoir-faire, de ses frontières et de ses conditions d’exercice. En particulier, les spécificités du travail pastoral le rendent peu compatible avec les conditions d’exercice classique du travail salarié et du droit du travail qui les sous-tendent, ce qui contribue à un turn-over élevé des bergers, souvent mobiles à l’échelle géographique. Le territoire professionnel des bergers salariés, en cours de construction, demeure traversé par des tensions entre des conceptions divergentes du travail de gardien de troupeau. Plusieurs visions de la profession s’affrontent, l’une revendiquant par exemple un « métier-passion » vécu comme une épreuve et un abandon du mode de vie moderne, l’autre sa reconnaissance comme un « vrai métier » et l’amélioration des conditions de travail. Ce territoire se construit également en tension avec la recherche de légitimité vis-à-vis des employeurs, mais aussi au regard des politiques de protection de la nature, dont les financements liés à la gestion de la prédation semblent avoir des effets sur le recrutement de bergers salariés. Enfin, la profession de berger salarié est traversée par des rapports sociaux multiples, de genre, de classe, de race, ou encore de génération, qui participent à structurer les conditions de travail, d’accès et de maintien dans le métier, dans un contexte de perte d’attractivité du métier.
L’objectif de ce stage est de conduire une enquête sociologique sur la constitution du territoire professionnel des bergers salariés, avec une entrée par les organisations professionnelles.
Il s’agira tout d’abord d’identifier et de caractériser les structures professionnelles des bergers et des
employeurs, qu’elles soient syndicales, associatives ou informelles, d’étudier les identités
professionnelles qu’elles promeuvent et les formes de coopération ou de concurrence qui se jouent entre
elles. L’enquête s’attachera à intégrer les perspectives de l’ensemble des acteurs concernés et à analyser les processus de négociation qui structurent ce territoire professionnel et les différentes formes de régulation sociale qui s’y déploient. L’enquête pourra explorer les rapports de force et d’alliance entre organisations de bergers, employeurs, syndicats agricoles, politiques de conservation de la nature. L’attention pourra porter également sur les effets des politiques de conservation en termes de recrutement et des évolutions du groupe du berger (âge, genre, niveau de diplôme, recours à une main-d’œuvre étrangère) sur la construction de ce territoire professionnel. Des séjours de terrain pourront être réalisés avec l’appui des encadrant-es.
Compétences recherchées
Nous recherchons un.e étudiant.e de Master 2 en sciences sociales, avec des qualités relationnelles, un intérêt pour le monde agricole et des compétences en enquête qualitative.
Conditions d’accueil et d’encadrement
Le/la stagiaire sera accueilli(e) au sein de l’UMR AGIR (https://www6.toulouse.inrae.fr/agir), équipe Odycée (https://www6.toulouse.inrae.fr/agir/Les-equipes/ODYCEE) et co-encadré(e) par Antoine Doré chargé de recherche en sociologue ; INRAE – UMR AGIR) et Joséphine Guichard (doctorante en sociologie ; UMR Cresppa – UMR Agir). Le travail s’inscrit dans le cadre du projet CASDAR AMBER « Accompagner les Mutations du métier de BERger / vacher transhumants »