L’exploitation du zircon menace le désert Entre Espoir et Incertitude

Lompoul n’est pas qu’un paysage au cœur du désert. Les villages environnants empreints d’une culture riche, ajoutent une dimension humaine à cet écrin naturel. Les communautés locales du Désert de Lompoul, principalement issues des ethnies Wolof et Serer, ont développé des traditions et un mode de vie étroitement liés l’environnement à désertique. Ces traditions se manifestent à travers l’artisanat, la musique, la danse, et les récits oraux qui sont passés de génération en génération, célébrant l’harmonie entre les habitants et leur terre. Le désert de Lompoul est situé dans la région de Louga, Sénégal. Sa superficie est de 18 km2. Les dunes peuvent atteindre une hauteur de 40 à 50 m. Le sable aux tons ocre, voire rouges, est très fin. Le désert de Lompoul, joyau du Sénégal, se déploie dans un silence majestueux, où les dunes dorées ondulent sous le souffle du vent chaud.

Le désert de Lompoul, cette étendue aride, parsemée de petites touffes d’herbes et de quelques acacias résilients qui survivent grâce à l’adaptation aux faibles précipitations, offrant des moments de verdure surprenants entre les dunes, évoquant une beauté brute et sauvage. Le ciel, d’un bleu éclatant, contraste avec les nuances de sable, créant un tableau vivant au gré des ombres changeantes. Le climat y est typiquement désertique avec des journées chaudes et des nuits nettement plus fraîches. Au crépuscule, le désert se transforme en un océan de couleurs chaudes. Les rayons du soleil couchant embrasent les dunes, leur donnant des teintes allant du rose au violet. Chaque grain de sable semble murmurer des histoires anciennes, témoins d’un temps où le vent et le soleil régnaient en maîtres. Les nuits, quant à elles, révèlent un ciel étoilé d’une intensité rare, offrant un spectacle céleste qui invite à la contemplation.

L’exploitation du zircon : le contexte

L’État sénégalais a conclu une entente d’une durée de 25 ans avec la société Grande Cote Opération (GCO), contrôlée par l’entreprise française Eramet, pour exploiter les minerais Zircon et Ilménite sur le littoral sénégalais. A l’image des monstres tentaculaires, les machines reliées par d’épais tuyaux flottant sur un bassin artificiel avancent petit à petit vers le nord, le long de la côte atlantique. Depuis 2014, ces machines pompent le sable sénégalais pour en extraire le zircon, mais aussi de l’ilménite, du rutile et du leucoxène. Des minerais qui permettent de produire de la céramique ou des pigments blancs dans la peinture, le plastique ou le papier. Elles sont également utilisées dans la joaillerie, dans l’industrie nucléaire et le secteur automobile.

La société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90% par la société minière française Eramet et à 10 % par l’État sénégalais, est devenue le quatrième producteur de zircon au monde en moins de dix ans. Après un record de 804 000 tonnes de concentré de sables minéralisés extraits en 2021, dont 15% de zircon, la production a légèrement baissé en 2022, mais les chiffres sont appelés à augmenter à partir de 2024, car la première partie du désert de Lompoul sur laquelle arrive la drague « a une forte teneur en minerai et les dunes sont hautes », explique Guillaume Kurek, directeur général de GCO.

Les répercussions environnementales

L’impact environnemental et social de la mine Les villageois du secteur de Lompoul dans cette zone ont alerté les organismes de la société civile, quant à ce projet d’extraction qui les inquiète fortement. Les habitants et les acteurs locaux se plaignent du manque de concertation et de transparence de la part des entreprises minières.

Néanmoins depuis le debout du projet environ 1500 personnes ont été déplacé. Bien que des infrastructures aient été construites pour compenser ses déplacements les habitants se plaignent du manque d’emplois et des compensations adéquates vivant principalement du maraîchage, de l’élevage, de la pêche et du tourisme près du désert, l’absence d’eau et le d’infrastructures manque locales aggravent leur précarité et fragilisent leur équilibre de survie.

L’exploitation risque de détruire l’un des plus petits déserts au monde, menaçant les écosystèmes locaux et la biodiversité. Les activités peuvent minières également entrainer la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que la dégradation des terres qui se retrouvent totalement infertiles.

Source de l’image : DISCOVER SENEGAL . Createur : PICASA
Source de l image : journal Lequotidien, 2022

La première photo offre une vue saisissante du désert de Lompoul, avec ses dunes orangées ondulant à perte de vue sous un ciel limpide. Ce paysage naturel d’une beauté rare symbolise à la fois la richesse écologique et le potentiel touristique de la région. La tranquillité du lieu, son harmonie avec les activités traditionnelles comme le tourisme local ou le bivouac, illustrent une relation équilibrée entre l’homme et son environnement. En contraste, la seconde photo révèle les impacts visuels et écologiques de l’exploitation du zircon. On y voit des zones défigurées par les engins miniers, des sols éventrés, des espaces autrefois vierges désormais stériles et marqués par l’empreinte industrielle. Ce cliché met en évidence la transformation brutale du paysage et les atteintes portées à l’écosystème, avec des conséquences directes pour les habitants qui dépendent de ces terres pour leur survie.

💬 En guise de conclusion, l’exploitation du zircon dans le désert de Lompoul soulève de vives inquiétudes environnementales et sociales. Malgré quelques infrastructures mises en place, le projet a provoqué le déplacement de 1500 personnes, sans compensations jugées suffisantes ni création d’emplois durables. Les activités minières menacent un écosystème fragile, aggravent la précarité des populations locales et mettent en péril les moyens de subsistance traditionnels. Quelques recommandations : Renforcer la transparence et la concertation avec les communautés locales ; Garantir des compensations justes et des alternatives économiques durables ; Protéger l’environnement par des études d’impact rigoureuses et le respect des normes écologiques ; Valoriser les activités locales (tourisme, agriculture, élevage) pour un développement équilibré.

Article de sensibilisation réalisé par Mlle Fatimatou DIALLO, étudiante en licence III à l’université Amadou Mactar MBAO de Dakar, Sénégal.

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