Le Sénégal, un pays producteur de pétrole : Quelles politiques pour une gestion durable et intégrée des ressources ?

Le mardi 11 juin 2024, le Sénégal a extrait du pétrole au large de ses côtes, faisant ainsi son entrée dans le cercle fermé des pays producteurs d’hydrocarbures. L’annonce a été faite par la compagnie australienne Woodside Energy qui exploite le champ de Sangomar.

Ce champ se situe en eaux profondes, à environ 100 km au sud de Dakar, avec des réserves estimées de pétrole brut d’environ 630 millions de barils. La phase initiale de Sangomar consiste en une unité flottante de production et de stockage reliée à des infrastructures sous-marines conçues en prévision de phases ultérieures de développement. Elle comprend 23 puits, dont 11 de production, 10 d’injection d’eau et 2 d’injection de gaz, indique les information partagées par l’entreprise Woodside.

Cette nouvelle suscite à la fois une fierté pour le peuple sénégalais et un espoir de voir le pays prospérer grâce aux retombées économiques de son exploitation. Toutefois, l’exploitation de ces ressources pose deux questions majeures qui intéressent nos lecteurs :

  1. Justice sociale : Le contrat de partenariat est-il équitable ou rentable économiquement car selon la constitution, les ressources naturelles appartiennent au peuple ?
  2. Défi écologique : Son exploitation ne posera pas t-elle des problèmes environnementaux pour les écosystèmes environnants ?

C’est dans ce contexte que notre chroniqueur, M. Papa Matar NDIONE, a abordé la deuxième question sur la base d’une prospection, tout en formulant des recommandations.

Titre son article de sensibilisation – Les hydrocarbures : quelles politiques d’exploitation durable ?

L’exploitation des hydrocarbures tels que le pétrole et le gaz a longtemps été un sujet de débat complexe et controversé compte tenu de la demande mondiale en énergie et de leur rôle crucial dans l’économie mondiale. Les responsables politique et les experts en énergie doivent repérer un juste équilibre entre les défis économiques, environnementaux, et géopolitiques afin d’assurer une exploitation durable des ressources pétrolières et gazières.

Au Sénégal, la production de pétrole et de gaz est attendue depuis la découverte de plusieurs gisements durant la période de 2014 à 2016 (Jean Pierre Malou, Sud quotidien 12 juin 2018). Le diagnostic à montrer que le Sénégal possède de vaste réservoirs de pétrole et de gaz, et pourrait devenir l’un des plus importants pays pétroliers du continent africain.

L’exploitation de ces hydrocarbures, se faisant sur terre (onshore) qu’en mer (offshore), renvoie à des enjeux au vue de l’impact aussi bien sur le plan social et environnemental. En effet, les risques liés aux hydrocarbures sont considérables et peuvent avoir des répercutions sérieuses sur l’environnement et la santé des populations. A l’exemple des marées noires qui peuvent causer des dommages sur la faune et la flore, sur les activités économiques et locales (pêche, tourisme, etc.). En outre, les émissions de gaz à effet de serre (GES) contribuant au changement climatique, les accidents industriels (explosions, incendies, pollutions des sols et de l’eau) etc.

Pour faire face à cette situation, il est donc important pour le gouvernement du Sénégal de trouver des solutions pour une exploitation durable et respectueuse de l’environnement allant l’exploration jusqu’au démontage des installations. Il faudra :

  • L’application des textes relatives aux évaluations environnementales (Etudes d’impact environnemental et Social et Evaluation Environnementale Stratégique) ;
  • Assurer le contrôle environnemental plus stricte, avec sanctions dissuasives en cas de non-respect, pour mieux protéger les écosystèmes ;
  • Instaurer une démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) : exiger les entreprises pétrolières et gazières à s’engager davantage dans des démarches de responsabilité sociales et environnementales ;
  • Impliquer des parties prenantes : intégrer les communautés locales, les autorités locales et administratives, les ONG etc. dans le processus décisionnel de l’exploitation ;
  • Promouvoir la transparence des contrats : Il est nécessaire d’exiger une plus grande transparence dans les négociations pour éviter la corruption ;
  • Déployer des technologies d’extractions plus sûres et plus durables en réduisant les risques environnementaux et les accidents ;
  • Créer des méthodes innovantes pour recycler et valoriser les déchets issus de l’exploitation et du raffinage des hydrocarbures ;
  • Avoir un cadre de dialogue constructif entre les pays consommateurs et les organisations internationales afin d’harmoniser les politiques et les réglementations .
  • Prendre en compte les 17 ODD, notamment les : ODD 12 – établir des modes de consommation et de production durables / ODD 14 – prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions et ODD 15 – préserver et restaurer les écosystèmes terrestres.

Toutefois, il est important de déployer d’autres stratégies comme les mix énergétiques pour faire face aux enjeux environnementaux et aux politiques de lutte contre le réchauffement climatique. Dans ce cas, il convient au gouvernement :

  • D’augmenter la part des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse etc.) ;
  • De promouvoir l’efficacité énergétique en encourageant les industries et les consommateurs à réduire leur consommation d’énergie tout en utilisant des technologies et des comportements plus performants.

Article de sensibilisation réalisé par M. Papa Matar NDIONE, Géographe/Environnementaliste, spécialiste RSE et DD et chroniqueur pour Sen Retail.

Article réalisé dans le cadre du huitième magazine Sen Retail consacré à la Journée Mondiale de l’Environnement le 05 juin. L’intégralité du magazine est à télécharger gratuitement en pdf.

Bonne lecture !


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